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Droit à la protection des données : Pourquoi nous avons besoin d’un droit à ne pas être profilés par l’IA

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Temps de lecture : 4 minutes

Introduction

Dans l’ère numérique où les données règnent en maître, une nouvelle menace pour notre vie privée se profile à l’horizon : le profilage par l’intelligence artificielle (IA). Grâce à l’apprentissage automatique, les algorithmes peuvent désormais analyser nos moindres faits et gestes en ligne pour dresser des profils détaillés sur nos personnalités, nos préférences et nos comportements. Et le plus troublant ? Tout cela peut se faire sans notre consentement explicite, à partir de données publiquement disponibles comme nos publications sur les réseaux sociaux.

Bien que le Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD) de l’Union Européenne ait renforcé la protection de nos données personnelles, il présente des lacunes inquiétantes lorsqu’il s’agit du profilage par l’IA. C’est pourquoi de plus en plus de voix s’élèvent pour réclamer un droit fondamental à ne pas être soumis à ce type de profilage sans notre accord éclairé. Plongeons dans les raisons qui justifient l’instauration d’un tel droit.

Les risques du profilage par l’IA

Eh oui, on pourrait se dire : « Mais qu’est-ce que ça change ? Mes données sont déjà accessibles au public. » (Sans parler de ceux qui pensent que s’ils n’ont « rien à cacher », ils n’ont rien à craindre. Naïfs !) Sauf que le profilage par l’IA va bien au-delà d’une simple collecte de données. Ces algorithmes avancés ont la capacité de déduire des informations sensibles sur notre vie privée, nos croyances politiques ou notre santé mentale à partir de détails en apparence anodins.

Des études récentes suggèrent que des modèles d’apprentissage automatique peuvent prédire avec précision la dépression et d’autres problèmes de santé mentale à partir de photos Instagram et de tweets.

Imaginez un instant que ces informations tombent entre de mauvaises mains. Un employeur pourrait refuser d’embaucher quelqu’un soupçonné de souffrir de troubles psychologiques. Une compagnie d’assurance pourrait augmenter vos primes en se basant sur votre profil de santé déduit par l’IA. Les risques de discrimination et de stigmatisation sont réels et inquiétants.

Le profilage par l’IA, une menace exceptionnelle

Mais pourquoi le profilage par l’IA représente-t-il une menace si particulière pour notre vie privée ? Tout simplement parce qu’il possède des caractéristiques uniques qui le rendent exceptionnel par rapport aux autres formes de traitement de données :

  1. Son caractère opaque : Les modèles d’IA sont des boîtes noires complexes, dont le fonctionnement précis reste mystérieux, même pour leurs créateurs. Il est donc difficile de comprendre et de contester les conclusions tirées par ces algorithmes.
  2. Son potentiel de déduction : Comme nous l’avons vu, l’IA peut déduire des informations extrêmement sensibles à partir de données en apparence banales.
  3. Son automatisation : Le profilage par l’IA se fait de manière autonome et à grande échelle, sans intervention humaine directe.

Cette combinaison unique d’opacité, de potentiel de déduction et d’automatisation fait du profilage par l’IA une menace sans précédent pour notre droit à la vie privée et à l’autodétermination informationnelle.

Les arguments en faveur d’un droit à la protection des données

Face à ces risques, l’instauration d’un droit explicite à ne pas être profilé par l’IA sans notre consentement éclairé semble plus que légitime. Pfiou, on respire un peu ! Voici les principaux arguments en faveur d’une telle protection :

Lutter contre le contrôle social

Le profilage par l’IA ouvre la voie à un contrôle social sans précédent. En dressant des profils détaillés de nos personnalités et de nos comportements, ces algorithmes permettraient aux entités qui les contrôlent (gouvernements, entreprises, etc.) d’exercer une influence considérable sur nos vies. Un pouvoir aussi vaste ne devrait pas être exercé sans notre accord explicite.

Prévenir la stigmatisation

Comme nous l’avons vu, le profilage par l’IA peut conduire à la stigmatisation et à la discrimination de certains groupes sur la base d’informations sensibles déduites par les algorithmes. Un droit à la protection permettrait de limiter ces dérives en donnant aux individus un contrôle sur l’utilisation de leurs données.

Préserver l’autonomie individuelle

En nous soumettant à un profilage constant sans notre accord, le profilage par l’IA porterait atteinte à notre capacité d’agir de manière autonome et libre, conformément à nos propres valeurs et préférences. Un droit à la protection des données permettrait de restaurer cette autonomie individuelle.

Les exemptions potentielles à ce droit

Bien entendu, comme tout droit, celui de ne pas être profilé par l’IA ne saurait être absolu. Certaines exemptions pourraient s’avérer nécessaires dans des situations spécifiques. Cependant, ces exemptions doivent être soigneusement encadrées pour éviter tout abus.

Sécurité nationale et lutte anti-terroriste

L’une des principales exemptions envisageables concerne la sécurité nationale et la lutte contre le terrorisme. Dans ces cas extrêmes, le profilage par l’IA pourrait être autorisé, sous réserve de garanties strictes (contrôle judiciaire, durée limitée, etc.).

Liberté d’expression et d’information

Cependant, il serait erroné de considérer la liberté d’expression et d’information comme une exemption automatique à ce droit. Le simple fait de rendre publiques des informations ne devrait pas justifier leur exploitation à des fins de profilage sans le consentement des personnes concernées.

Le rôle crucial du consentement éclairé

Au cœur de ce droit à la protection des données se trouve la notion de consentement éclairé. Pour que le profilage par l’IA soit légitime, il est essentiel que les individus soient pleinement informés de ses implications et puissent donner leur accord en connaissance de cause.

Bien sûr, obtenir un véritable consentement éclairé n’est pas chose aisée. Les conditions d’utilisation interminables et noyées dans un jargon juridique ne suffisent pas. Il faudra repenser complètement la manière dont l’information est présentée aux utilisateurs, en misant sur la transparence et la clarté.

Seule une véritable implication des citoyens dans le processus de décision pourra garantir la légitimité du profilage par l’IA. Le consentement éclairé n’est pas une simple formalité, mais un prérequis éthique incontournable.

Vers un nouveau droit fondamental ?

En définitive, l’instauration d’un droit à ne pas être profilé par l’IA sans notre accord explicite apparaît comme une nécessité pour préserver notre vie privée et notre liberté individuelle à l’ère numérique. Bien que le RGPD ait renforcé la protection de nos données, il ne suffit pas à lui seul pour faire face aux défis posés par le profilage algorithmique.

Ce nouveau droit ne devra cependant pas être absolu. Des exemptions soigneusement encadrées devront être prévues, notamment en matière de sécurité nationale. Mais dans tous les cas, le consentement éclairé des citoyens devra être au cœur du processus, afin de garantir la légitimité et l’acceptabilité de ces pratiques.

À l’heure où l’IA prend une place grandissante dans nos vies, il est crucial de poser dès à présent les bases d’un cadre juridique solide pour protéger nos libertés fondamentales. Un droit à ne pas être profilé sans notre accord pourrait être l’une des pierres angulaires de ce nouveau paradigme.

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