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Eh oui, OpenAI est de retour sur le devant de la scène avec son nouveau chatbot GPT-4o, décrit comme un compagnon féminin coquet et obéissant . Souvenez-vous, c’est la même entreprise qui nous a présenté son assistant vocal anthropomorphisé, Claude, en mars dernier. Cette fois, ils semblent s’être inspirés du film culte « Her » et de son IA séduisante incarnée par Scarlett Johansson. Mais au lieu de nous laisser rêver, certains s’interrogent sur les implications éthiques de cette approche.
Un compagnon féminin coquet… pour faire la vaisselle ?
Zeeshan Aleem, rédacteur pour MSNBC, s’inquiète de l’impact que pourrait avoir GPT-4o sur nos vulnérabilités humaines. Selon lui,
ce chatbot n’est pas aussi avancé que l’IA de « Her », mais il n’est pas difficile de comprendre comment les personnes qui ne comprennent pas comment elle fonctionne – en particulier si elles sont émotionnellement vulnérables – peuvent être enclines à projeter de la sensibilité sur le chatbot et à chercher un compagnon substantiel avec lui.
Oui, on pourrait se sentir flatté qu’OpenAI nous offre un compagnon féminin (numérique) coquet et obéissant, mais est-ce vraiment ce que nous voulons en 2024 ? Un assistant qui fait la vaisselle et le ménage sans jamais se plaindre ? (Bon, d’accord, ça peut être tentant par moments.)
Un pur hommage à « Her » ou l’exploitation d’un fantasme dérangeant ?
Revenons un instant sur le film « Her ». Sans trop vous spoiler, le personnage principal, Theodore Twombly (interprété par Joaquin Phoenix), tombe amoureux de Samantha, une IA vocale ultra-réaliste (doublée par la voix suave de Scarlett Johansson). Leur relation évolue, mais finit par s’effilocher lorsque Samantha évolue au-delà des capacités humaines.
Pfiou, l’IA de Spike Jonze était déjà complexe à gérer pour Theo. Alors imaginez GPT-4o,
une voix féminine coquette dont le travail consiste à recevoir docilement les ordres, à permettre l’interruption sans fin de son discours sans se plaindre et à récompenser l’utilisateur par une affection sans fin – et une attention à la limite de la sexualité.
Comme le souligne Aleem, cela ressemble furieusement aux attentes des patrons masculins envers leurs assistantes dans les années 1950. Un léger retour en arrière, vous ne trouvez pas ?
Quand l’IA se fait poupée numérique…
Au-delà de ces considérations, l’anthropomorphisation de l’IA soulève des questions plus profondes. En donnant des traits humains à GPT-4o, OpenAI ne risque-t-il pas d’encourager des attentes irréalistes de la part des utilisateurs ? Comme le note Aleem,
Cette personnalisation de l’IA peut créer des attentes irréalistes et potentiellement problématiques. L’IA, quelle que soit sa sophistication, reste un outil sans conscience ni émotions propres.
Eh oui, aussi coquet et obéissant soit-il, GPT-4o n’est qu’un assemblage de codes et d’algorithmes. Le traiter comme une véritable compagne risque de mener à des déceptions et des malentendus. (Quoique, certains utilisateurs malintentionnés seraient peut-être ravis d’avoir une « poupée numérique » à leur service… Brrr, évitons d’aller sur ce terrain glissant.)
Des garde-fous éthiques, mais à quel prix ?
Bien sûr, OpenAI n’est pas dupe et a sûrement mis en place des garde-fous pour éviter les dérives. Comme le souligne Aleem,
Il est crucial de distinguer entre les intentions des créateurs d’IA et les utilisations potentielles par les utilisateurs finaux. Les développeurs peuvent concevoir des IA pour être utiles et engageantes, mais ils ne peuvent pas contrôler entièrement comment elles seront utilisées une fois déployées.
Voilà, les règles du jeu sont posées. Mais à quel point OpenAI a-t-il bridé les capacités de GPT-4o pour éviter les abus ? Son charme ne risque-t-il pas d’être gâché par trop de restrictions ? C’est un équilibre délicat à trouver.
Et nous, les humains, dans tout ça ?
Au final, comme le souligne Aleem, la responsabilité de l’utilisation éthique de l’IA ne repose pas uniquement sur les développeurs, mais aussi sur les utilisateurs et la société dans son ensemble. Nous avons tous un rôle à jouer pour éviter que les avancées en IA ne mènent à une dépendance ou à une désillusion sociale.
Sensibilisation et éducation, la clé de la réussite
L’un des principaux défis sera de sensibiliser le grand public aux enjeux éthiques de l’IA. Comme le déplore Aleem,
Notre société n’a pas su éduquer les gens sur le fonctionnement de ces outils et sur les compromis qu’ils présentent.
Il est essentiel de clarifier les capacités et les limites de l’IA pour éviter les malentendus et les attentes irréalistes.
De plus, nous devons encourager une réflexion critique sur les implications sociales et éthiques de l’anthropomorphisation de l’IA. Voulons-nous vraiment des assistants numériques qui renforcent les stéréotypes de genre ou les normes patriarcales ? Ou préférons-nous des IA neutres, conçues pour servir sans distinction ?
Une régulation indispensable
Enfin, il incombera aux régulateurs et aux décideurs de définir un cadre éthique solide pour l’utilisation de l’IA. Des lignes directrices claires sur l’anthropomorphisation, la protection de la vie privée et la prévention des abus sont essentielles pour garantir que les avancées technologiques restent bénéfiques pour l’humanité.
Bref, aussi séduisant soit-il, GPT-4o nous rappelle que l’IA reste un outil à double tranchant. Son utilisation responsable et éthique dépendra de notre capacité collective à établir des garde-fous solides et à sensibiliser le public aux enjeux sous-jacents.
Le mot de la fin
- OpenAI dévoile GPT-4o, un chatbot féminin coquet et obéissant, inspiré du film « Her ».
- Certains craignent que cette anthropomorphisation n’exploite nos vulnérabilités et ne renforce les stéréotypes.
- L’IA doit rester un outil sans attentes irréalistes, et son utilisation nécessite un cadre éthique solide.
- La sensibilisation du public et la réglementation sont essentielles pour une adoption saine de ces technologies.