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Une alliance de poids contre la suprématie de Nvidia
Voilà qui risque de secouer le petit monde des puces d’IA ! Le 30 mai 2024, une alliance de géants technologiques s’est formée sous le nom d’Ultra Accelerator Link (UALink) dans le but de développer une nouvelle norme d’interconnexion pour les accélérateurs d’IA dans les centres de données. (On vous laisse deviner contre qui cette offensive est dirigée.)
Les membres fondateurs de ce groupe promoteur ne sont autres que Google, Intel, Microsoft, Meta, AMD, Hewlett Packard Enterprise, Cisco et Broadcom. Une sacrée brochette de poids lourds qui ont décidé de mettre leurs ressources en commun pour créer une alternative à la technologie propriétaire NVLink de Nvidia, actuellement utilisée pour relier les serveurs alimentant les applications d’IA de pointe comme ChatGPT.
L’objectif affiché est de développer une norme ouverte permettant aux accélérateurs d’IA de communiquer plus efficacement.
Une norme audacieuse pour relever les défis de l’IA
Concrètement, la première version de la spécification UALink, baptisée UALink 1.0, ambitionne de connecter jusqu’à 1 024 accélérateurs au sein d’un même « pod » de calcul d’IA. Un pod, c’est quoi au juste ? Eh bien, il s’agit d’une ou plusieurs baies de serveurs réunies en un seul ensemble. (Enfin, quelque chose de suffisamment imposant pour abriter des centaines de puces dédiées à l’IA, quoi.)
Une communication fluide et fiable entre les accélérateurs
Grâce à cette nouvelle norme, les transferts de données pourront se faire directement entre les mémoires attachées aux différents accélérateurs, qu’il s’agisse des GPU Instinct d’AMD ou des processeurs spécialisés comme Gaudi d’Intel. Résultat ? Une amélioration significative des performances et de l’efficacité du calcul pour l’IA.
En effet, les cœurs de l’intelligence artificielle moderne résident dans les GPU, capables d’effectuer un grand nombre de multiplications de matrices en parallèle, une opération cruciale pour faire tourner les réseaux neuronaux. Mais un seul GPU ne suffit généralement pas pour les systèmes d’IA les plus complexes. C’est là qu’interviennent les technologies d’interconnexion comme NVLink ou, bientôt, UALink.
Une réponse à la domination de Nvidia ?
Difficile de ne pas voir dans cette initiative une volonté de contrebalancer l’influence grandissante de Nvidia sur le marché des accélérateurs d’IA. Actuellement, l’entreprise verte est le leader incontesté dans ce domaine, et son écosystème propriétaire NVLink dicte en grande partie le matériel utilisé par les entreprises technologiques.
En proposant une norme ouverte, le groupe UALink espère permettre à plusieurs acteurs de contribuer et d’innover dans le domaine du matériel dédié à l’IA, sans être enfermés dans l’écosystème de Nvidia. Une approche similaire à d’autres normes ouvertes comme Compute Express Link (CXL), créée par Intel en 2019 pour fournir des connexions haut débit entre les CPU et les périphériques.
L’objectif est clair : briser le quasi-monopole de Nvidia sur les interconnexions pour les accélérateurs d’IA.
Une norme pour tous les accélérateurs ?
Parmi les membres fondateurs d’UALink, on retrouve des entreprises qui développent leurs propres accélérateurs d’IA comme AMD, Google, Intel et Meta. D’autres comme Broadcom (qui conçoit des puces pour Google), Cisco (spécialisée dans les puces réseau pour l’IA) et HPE (qui fabrique des serveurs) ont également un intérêt évident à standardiser au maximum l’infrastructure autour de ces accélérateurs.
La position de Nvidia dans ce contexte est assez logique : puisque l’entreprise possède déjà sa propre technologie d’interconnexion avec NVLink, elle n’a aucune raison de soutenir le développement d’une norme concurrente. (À moins d’un revirement stratégique surprenant, mais rien ne semble l’indiquer pour le moment.)
Un rempart contre la concentration du marché ?
Au-delà de la simple bataille commerciale entre entreprises, l’initiative UALink soulève des questions importantes sur la concentration du marché et l’innovation dans le domaine de l’IA. En effet, une norme ouverte et partagée pourrait favoriser une plus grande diversité d’acteurs et de solutions, au bénéfice des utilisateurs finaux.
Alors que l’IA prend une place de plus en plus prépondérante dans de nombreux secteurs, il est légitime de s’interroger sur les risques d’un trop grand contrôle de cette technologie par un seul acteur. L’initiative UALink, bien que motivée par des intérêts commerciaux évidents, pourrait donc constituer un rempart contre une trop grande concentration du marché. (Mais n’allons pas trop vite en besogne, il faudra d’abord voir si cette norme parvient à s’imposer réellement.)
Quelle suite pour UALink et l’avenir de l’IA ?
Alors, UALink va-t-elle réellement détrôner NVLink pour devenir la nouvelle référence en matière d’interconnexion pour les accélérateurs d’IA ? Il est encore trop tôt pour le dire, mais cette initiative soulève déjà plusieurs questions passionnantes :
Une guerre des normes se profile-t-elle ?
La création d’UALink pourrait marquer le début d’une véritable guerre des normes dans le domaine de l’IA. Nvidia, dont la position dominante est directement menacée, pourrait bien riposter en renforçant encore son écosystème propriétaire. (Espérons que cette concurrence débouchera sur de réelles avancées technologiques, plutôt que sur un simple bras de fer commercial.)
Un écosystème d’IA plus ouvert et diversifié ?
Si UALink parvient à s’imposer, cela pourrait ouvrir la voie à un écosystème d’IA plus ouvert et diversifié, où différents acteurs pourraient proposer leurs solutions matérielles et logicielles. Un scénario potentiellement bénéfique pour l’innovation et la compétitivité dans ce domaine crucial. (Mais attention, une trop grande fragmentation pourrait aussi compliquer les choses pour les développeurs et les utilisateurs finaux.)
Une nouvelle donne pour l’IA dans les centres de données
Enfin, l’adoption généralisée d’UALink pourrait redistribuer les cartes dans le paysage concurrentiel de l’IA pour les centres de données. Les entreprises technologiques pourraient être moins dépendantes de Nvidia et de son écosystème, ce qui leur donnerait plus de flexibilité pour concevoir leurs solutions d’IA. (Même si, bien sûr, rien ne garantit que ces mêmes entreprises ne chercheront pas à imposer leurs propres normes à terme.)
Le résumé, pour les pressés :
- Huit géants technologiques (Google, Intel, Microsoft, Meta, AMD, HPE, Cisco et Broadcom) ont créé UALink, une nouvelle norme d’interconnexion pour les accélérateurs d’IA dans les centres de données.
- Cette initiative vise à concurrencer la technologie propriétaire NVLink de Nvidia, leader du marché des puces d’IA.
- UALink 1.0 permettra de connecter jusqu’à 1 024 accélérateurs dans un même « pod » de calcul, améliorant les performances et l’efficacité de l’IA.
- Cette norme ouverte pourrait favoriser une plus grande diversité d’acteurs et de solutions dans le domaine de l’IA, mais risque de déclencher une guerre des normes avec Nvidia.
- L’avenir nous dira si UALink parvient à s’imposer et à redistribuer les cartes dans le paysage concurrentiel de l’IA pour les centres de données.