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Voilà, Tesla est une nouvelle fois dans la tourmente. Cette fois, ce n’est pas pour une histoire de tweet polémique d’Elon Musk, mais bien à cause de son célèbre système de conduite autonome Autopilot. La firme d’Elon Musk doit en effet faire face à un procès intenté par des propriétaires de véhicules qui l’accusent d’avoir menti sur les réelles capacités de cette technologie.
Tesla et les multiples niveaux de conduite assistée
Ah l’Autopilot, c’est un peu le serpent de mer de Tesla. Lancé dès 2013, ce système est censé permettre aux véhicules de la marque de se diriger, d’accélérer et de freiner dans leur voie de manière autonome. Mais attention, il ne s’agit là que d’une automatisation partielle (niveau 2 selon la définition de la SAE), qui nécessite donc une supervision active de la part du conducteur.
Pour aller plus loin, Tesla propose aussi l' »Enhanced Autopilot » (EA), qui ajoute la navigation semi-autonome sur les autoroutes, le stationnement automatique et la possibilité d’appeler la voiture depuis un parking. Mais le gros morceau,
c’est le fameux « Full Self-Driving » (FSD), censé atteindre à terme la conduite entièrement autonome (niveau 5 de la SAE).
Un nom un brin prétentieux quand on sait que les véhicules sous FSD restent au niveau 2, et qu’ils sont donc loin d’être « entièrement autonomes ».
Et Elon Musk dans tout ça ?
Le problème, c’est que depuis des années, Elon Musk multiplie les déclarations tonitruantes (comme d’hab) en promettant une conduite autonome complète « d’ici 1 à 3 ans ». Des promesses jamais tenues, qui ont poussé de nombreux acheteurs à débourser des milliers de dollars pour s’offrir cette option FSD qui n’arrive jamais.
Thomas LoSavio, un avocat californien à la retraite, fait partie des plaignants. En 2017, il a payé une prime de 8 000 $ pour les capacités de FSD sur sa Tesla Model S, pensant que cela rendrait la conduite plus sûre à mesure qu’il vieillirait. Eh bien, six ans plus tard, il attend toujours que la technologie soit au point. « Tesla reste incapable, même de loin, de produire une voiture à conduite entièrement autonome », déplore-t-il.
Tesla trompeur ? C’est ce que veut prouver la justice
Cette affaire a pris une tournure judiciaire avec le rejet par une juge de San Francisco de la demande de Tesla visant à classer l’affaire sans suite. La magistrate Rita Lin estime que les propriétaires peuvent poursuivre Tesla et Musk pour négligence et fraude, puisqu’ils se sont fiés à leurs déclarations mensongères.
Et la juge d’ajouter : « Si Tesla voulait faire croire que son matériel était suffisant pour atteindre un niveau d’automatisation élevé ou complet, l’allégation est manifestement suffisamment fausse ». Autrement dit, Elon Musk aurait bel et bien menti en faisant miroiter des capacités de conduite autonome que ses véhicules n’ont pas (encore ?).
Des conséquences potentiellement lourdes
Cette plainte vise à obtenir des dommages et intérêts non spécifiés pour toutes les personnes qui, depuis 2016, ont acheté ou loué des Tesla avec les options Autopilot, Enhanced Autopilot et Full Self-Driving. Une bien mauvaise publicité pour Tesla, qui fait déjà l’objet d’enquêtes fédérales pour déterminer si sa conduite autonome a pu contribuer à des accidents mortels.
Les procureurs fédéraux étudient même la possibilité d’une fraude en matière de valeurs mobilières ou d’une fraude électronique, dans la mesure où Tesla aurait trompé ses investisseurs sur les réelles capacités de sa technologie.
Un sacré revers pour Musk, qui pourrait bien voir sa valorisation boursière encore dégringoler s’il est reconnu coupable.
La conduite autonome, un défi technique et réglementaire
Au-delà de l’aspect judiciaire, cette affaire soulève des questions importantes sur les enjeux techniques et réglementaires de la conduite autonome. Si Tesla n’a pas encore tenu ses promesses, c’est que le défi est colossal. Passer du niveau 2 au niveau 5 d’automatisation nécessite de résoudre des problèmes complexes liés à la perception de l’environnement, à la prise de décision en temps réel et à la sécurité.
Des obstacles techniques majeurs
Même si les progrès en matière d’intelligence artificielle et de capteurs sont impressionnants, la conduite autonome complète reste un immense défi. Les situations imprévues sur la route, les conditions météorologiques difficiles, ou encore la nécessité d’interagir avec d’autres usagers, sont autant d’obstacles à surmonter.
De plus, la fiabilité et la sécurité doivent être absolues. Une seule erreur de jugement pourrait avoir des conséquences dramatiques. C’est pourquoi les constructeurs automobile doivent non seulement résoudre les problèmes techniques, mais aussi convaincre les autorités réglementaires de la sûreté de leurs systèmes.
Un cadre réglementaire à définir
Car c’est bien là que le bât blesse. Actuellement, il n’existe pas de réglementation claire et unifiée pour encadrer le déploiement de la conduite autonome. Chaque pays, voire chaque État ou région, a ses propres règles, ce qui complexifie grandement la tâche des constructeurs.
Un cadre réglementaire harmonisé au niveau international serait un sérieux coup de pouce pour accélérer l’adoption de cette technologie. Les autorités devront également définir les responsabilités en cas d’accident, entre le conducteur, le constructeur et les développeurs des systèmes d’IA.
Le mot de la fin pour Elon Musk ?
En attendant, cette affaire judiciaire pourrait bien sonner le glas des promesses tonitruantes d’Elon Musk. Le fantasque milliardaire devra peut-être revoir sa communication à la baisse et se montrer plus prudent dans ses annonces. Après tout, mieux vaut promettre peu et surprendre, que trop en faire et décevoir.
Résumé / TL;DR
- Tesla fait face à un procès de propriétaires de véhicules qui l’accusent d’avoir menti sur les capacités de conduite autonome
- Elon Musk a multiplié les promesses non tenues concernant l’arrivée d’une conduite entièrement autonome
- Une juge estime que Tesla et Musk peuvent être poursuivis pour négligence et fraude
- La conduite autonome de niveau 5 reste un immense défi technique et réglementaire
- Cette affaire pourrait obliger Elon Musk à revoir sa communication à la baisse