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La flemme de lire ?
Eh oui, l’intelligence artificielle (IA) n’est plus réservée aux startups branchées et aux GAFAM. Elle s’invite aussi dans les couloirs feutrés de l’administration française. Depuis 2013, l’État expérimente l’IA dans divers domaines, de la détection de la fraude fiscale à l’analyse de données. Mais le boom suscité par ChatGPT fin 2022 n’a pas pour autant déclenché une révolution dans le service public. Alors, où en est-on vraiment de l’IA dans nos administrations ? Coup de projecteur.
L’IA au service des agents et des usagers
Détection de la fraude fiscale, repérage de constructions illégales, aide à la rédaction… Les cas d’usage de l’IA dans l’administration ne manquent pas. L’objectif ? Rendre le service public plus efficace, plus rapide et plus proche des citoyens. Comme le souligne Émile Marzolf, journaliste pour Acteurs Publics, interviewé par Siècle Digital :
« Pour l’instant, il n’est pas question de mettre des chatbots améliorés directement au contact des usagers. C’est pour assister l’agent dans sa tâche. »
En octobre 2023, une expérimentation a été lancée auprès de 1700 agents volontaires pour répondre aux avis en ligne des usagers grâce à l’IA. Résultat : le délai de réponse est passé de 19 à 3 jours en moyenne. Pas mal, non ?
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Des freins à lever pour une IA publique mature
Malgré ces avancées, le déploiement de l’IA dans l’administration reste timide. Pourquoi ? D’abord, parce que ça coûte cher. Ensuite, parce qu’il faut des données de qualité et des compétences en interne. Enfin, parce que l’acceptabilité de ces technologies par les agents et les usagers n’est pas gagnée d’avance.
Pour accélérer, le gouvernement a lancé en 2023 un comité dédié à l’IA générative, présidé par la Première ministre. L’enjeu : définir une stratégie ambitieuse et éthique pour faire de l’IA un levier de transformation de l’action publique. Avec à la clé, une enveloppe de 10 milliards d’euros sur 5 ans.
Un outil baptisé « Albert » en développement
La DINUM (Direction interministérielle du numérique) planche aussi sur un outil d’IA générative 100% souverain, baptisé « Albert ». Basé sur des briques open source, il sera déployé dans un premier temps auprès des conseillers France Services pour les aider dans leurs missions d’accompagnement des usagers.
Car l’enjeu est bien là : mettre l’IA au service d’un meilleur service public, sans déshumaniser la relation avec les citoyens. Un sacré défi qui nécessite de la pédagogie, de la transparence et de la régulation.
Des expérimentations à évaluer et généraliser
Pour Stanislas Guerini, ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, l’IA est un outil prometteur mais pas une fin en soi. Lors d’une rencontre organisée par la DINUM fin 2023, il a insisté sur la nécessité d’expérimenter, d’évaluer et de généraliser les projets les plus pertinents :
« Nous devons avancer pas à pas, en associant les agents et les usagers, pour construire une IA publique de confiance, au service de l’intérêt général. »
Des propos encourageants, qui doivent maintenant se traduire dans les faits. Car si l’IA peut aider l’administration à se réinventer, elle ne fera pas tout toute seule. C’est bien un changement de culture et de pratiques qu’il faut impulser, en misant sur la formation, l’innovation ouverte et la co-construction avec l’écosystème.
Domaine | Nombre de projets | Exemples |
---|---|---|
Relation usagers | 15 | Chatbots, analyse des avis en ligne |
Lutte contre la fraude | 10 | Détection des constructions illégales, ciblage des contrôles |
Aide à la décision | 8 | Prédiction, simulation de politiques publiques |
Autres (RH, finances…) | 12 | Gestion prévisionnelle des effectifs, détection d’anomalies budgétaires |
Ce tableau, issu d’un recensement mené par la DITP fin 2023, montre bien la diversité des projets d’IA dans l’administration. Avec une dominante sur l’amélioration de la relation usagers et la lutte contre la fraude. De quoi donner des idées aux administrations qui hésitent encore à se lancer !
Des pionnieres inspirantes
Car des pionnières existent déjà, comme la DGFIP (Direction générale des Finances publiques) qui utilise l’IA depuis plusieurs années pour optimiser ses contrôles fiscaux. Ou encore Pôle Emploi, qui expérimente des algorithmes pour mieux accompagner les demandeurs d’emploi.
Bref, l’IA dans l’administration, c’est un vaste chantier qui ne fait que commencer. Avec des opportunités immenses pour améliorer le service public. Mais aussi des risques à ne pas négliger, comme la déshumanisation, les biais algorithmiques ou la perte de souveraineté.
À nous, citoyens, agents publics, décideurs, de nous emparer du sujet. Pour que l’IA soit au service de l’humain et du bien commun. Et pas l’inverse. Rendez-vous dans 10 ans pour faire le bilan ?