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Voilà, on ne pouvait pas passer à côté de cette polémique autour des nouveaux « AI Overviews » de Google. Derrière ce nom un peu barbare se cache en fait un simple résumé généré par l’IA, censé répondre directement aux requêtes des internautes. Joli concept sur le papier, mais qui soulève de sérieuses questions pour l’avenir d’Internet.
Qu’est-ce que ces fameux « AI Overviews » de Google ?
Imaginons que vous cherchiez des infos sur la dernière version de ChatGPT (comme 80% des internautes ces derniers temps, il faut bien l’avouer). Auparavant, Google vous aurait renvoyé une liste de liens vers des sites spécialisés, des forums, etc. Désormais, vous tomberez d’abord sur un petit résumé rédigé par l’IA de Google, agrémenté de visuels et d’infos clés.
L’objectif affiché est de vous fournir une réponse directe et complète, sans avoir à naviguer d’un site à l’autre. Pratique, non ?
Sauf que derrière cette petite révolution se cache une véritable bombe à retardement pour l’écosystème d’Internet. Car d’où proviennent ces précieuses informations résumées par l’IA ? Eh bien, des sites web eux-mêmes, sans leur accord (ou presque).
L’inquiétude des éditeurs et créateurs de contenu
Imaginez un peu le tohu-bohu si Google commençait à republier certains de vos articles sans vous demander la permission. C’est un peu l’équivalent de ce qui se passe avec les « AI Overviews ».
Eh oui, les chers algorithmes de Google se servent allègrement du contenu existant pour se former et générer leurs petits résumés. Une véritable aubaine pour les utilisateurs, mais un véritable casse-tête pour les éditeurs et créateurs qui voient leur travail (potentiellement) pillé.
Selon une estimation de Raptive, une société spécialisée dans la publicité en ligne, certains sites pourraient perdre jusqu’à deux tiers de leur trafic à cause de cette nouveauté.
Car n’oublions pas que le modèle économique de beaucoup de sites repose sur les revenus publicitaires générés par les visiteurs. Moins de clics, moins de visites, moins de revenus… Vous suivez la logique ?
La fronde des éditeurs français
C’est en France que la fronde a commencé, avec une poignée d’éditeurs ayant porté plainte contre Google pour violation de leurs droits d’auteur. Et dans un premier temps, ils ont remporté une petite victoire devant les tribunaux en avril 2024. Source : Selon la décision du tribunal de Paris en date du 4 avril 2024, Google devra négocier une compensation financière équitable avec les éditeurs français dont le contenu a été utilisé pour entraîner son IA.
Google a bien tenté de se défendre en expliquant que son IA n’ingérait que des données publiquement disponibles sur le web, que les éditeurs ont implicitement accepté d’être indexés, etc. Mais les juges n’ont pas été convaincus, estimant que les lois actuelles n’ont pas été pensées pour ce genre d’utilisation massive des contenus par l’IA.
La colère monte également aux États-Unis
Outre-Atlantique aussi, les critiques pleuvent. Pfiou, ça ne rigole pas du côté des créateurs de contenu américains ! Matt Gibbs, un influent professionnel du web, a même carrément accusé Google d’être « un voleur » qui s’approprie le travail des éditeurs pour nourrir son IA.
Sa consœur Kristine Schachinger parle quant à elle d’un « moteur de vol numérique complet » qui empêchera les sites d’avoir du trafic. Autant dire que l’ambiance est plutôt à l’orage dans la profession.
Quels sont les enjeux juridiques ?
Au-delà des simples considérations économiques, ce sont bien les enjeux juridiques qui cristallisent la polémique. Car en effet, si Google n’a pas vraiment enfreint les règles actuelles en « aspirant » le contenu du web, c’est que ces règles n’ont tout simplement pas été pensées pour l’ère de l’IA générative.
La décision de justice française pourrait créer un précédent qui obligerait les géants du web à revoir leur copie. Mais il faudra probablement attendre de nouvelles batailles juridiques pour clarifier le cadre légal autour de l’utilisation des données en ligne par l’IA.
Vers un nouveau modèle économique pour l’IA ?
Parmi les pistes évoquées, on retrouve l’idée d’un système de licence ou de partage des revenus quand le contenu d’un éditeur est utilisé pour entraîner une IA. Une sorte de « droit d’auteur 2.0 » en quelque sorte.
Une autre option serait de mettre en place un système d’opt-in, où les créateurs de contenu auraient le choix d’autoriser ou non l’utilisation de leurs écrits par les IA. Cela leur donnerait un meilleur contrôle, mais complexifierait probablement la tâche des géants du web.
L’avenir d’Internet en jeu ?
Quelle que soit la solution retenue, une chose est sûre : il faudra trouver un nouvel équilibre entre les différents acteurs. Car jusqu’à présent, le web a toujours fonctionné sur un échange gagnant-gagnant entre moteurs de recherche et créateurs de contenu.
Si cet équilibre vient à être rompu par l’arrivée des IA générative, sans garde-fous pour protéger les droits des uns et des autres, c’est l’essence même d’Internet qui pourrait être menacée. Un enjeu de taille, vous en conviendrez.
L’avis de Refbax : un sujet épineux, mais une évolution inévitable
Chez Refbax, on est partagé sur la question. D’un côté, on comprend les inquiétudes des créateurs de contenu qui voient leur gagne-pain menacé. De l’autre, l’évolution vers des moteurs de recherche plus « intelligents » semble inévitable à long terme.
Après tout, qui n’a jamais pesté devant les résultats parfois approximatifs de Google ? Avoir des réponses plus précises et complètes grâce à l’IA, c’est un progrès indéniable pour l’utilisateur final.
Maintenant, il est clair que les géants du web comme Google doivent trouver un moyen de rémunérer équitablement les créateurs dont ils utilisent le contenu. Une période de transition délicate s’annonce, avec probablement quelques batailles juridiques en perspective. Mais au final, trouver un nouvel équilibre sera bénéfique pour tous.
Le petit mot de la fin
- Les « AI Overviews » de Google résument le contenu web pour répondre aux requêtes
- Les éditeurs et créateurs craignent que Google ne pille leur travail sans compensation
- Une décision de justice française pourrait créer un précédent sur l’utilisation des données par l’IA
- De nouveaux modèles économiques (licences, partage des revenus) sont à l’étude
- L’enjeu : préserver l’écosystème ouvert d’Internet face à l’essor de l’IA générative