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Eh bien, ça ne va pas plaire aux défenseurs de la liberté d’expression ! Récemment, des développeurs d’extensions anti-censure pour Firefox ont constaté avec surprise que leurs outils, spécifiquement conçus pour contourner la censure en Russie, ont été soudainement rendus indisponibles dans le pays. Bam, comme ça, sans préavis ni explication de la part de Mozilla. Un petit coup de censure bien senti, qui soulève des questions légitimes sur la cohérence de la fondation avec sa mission affichée.
L’affaire qui secoue la toile
Voilà, imaginez la scène. Vous êtes un développeur russe engagé dans la lutte contre la censure d’État, et vous vous réveillez un beau matin pour découvrir que votre précieuse extension anti-censure, soigneusement intégrée au dépôt officiel de Mozilla, n’est plus accessible aux utilisateurs russes. Pfiou, ça fait un choc, non ? C’est pourtant ce qui est arrivé aux créateurs de Censor Tracker, Russian Censorship Bypass, Planet VPN et FastProxy, pour ne citer que quelques-unes des extensions concernées.
« Cette page n’est pas disponible dans votre région », rapporte l’un des développeurs, visiblement ébahi par cette décision.
Et le pire, c’est que personne chez Mozilla ne semble avoir jugé utile de les prévenir ou de leur fournir une explication. Un beau cas d’école de communication transparente, vous ne trouvez pas ? (Ironie, bien sûr.)
Un geste en contradiction avec la mission de Mozilla ?
Mais attendez, ça devient encore plus savoureux ! Mozilla, qui se vante de « veiller à ce qu’Internet soit une ressource publique accessible à tous », vient littéralement de censurer des outils conçus pour… promouvoir l’accessibilité d’Internet. Vous suivez le paradoxe ? (On se croirait dans une pièce de théâtre absurde.)
La fondation semble avoir plié l’échine face aux exigences des autorités russes, qui multiplient les efforts pour museler l’information en ligne depuis le début de la guerre en Ukraine. Et dire que Mozilla se présente comme un champion de la liberté d’expression sur le web… Aïe, ça fait mal, non ?
Selon des statistiques récentes, pas moins de 7 extensions anti-censure ont été bannies par Mozilla en Russie depuis le début du conflit ukrainien.
Source : un article du Russian Daily Journal, citant des données compilées par l’ONG Freedom Watch.
Les arguments de Mozilla peinent à convaincre
Face à la polémique naissante, Mozilla a tenté de se justifier en évoquant les risques juridiques auxquels elle s’exposait en laissant ces extensions accessibles en Russie. Hum, un argument déjà entendu, mais qui ne convainc qu’à moitié.
Après tout, n’est-ce pas le rôle d’une organisation comme Mozilla de défendre bec et ongles la liberté d’accès à l’information, même face aux pressions des régimes autoritaires ? Certains diront qu’il s’agit d’un choix pragmatique pour préserver ses activités dans le pays. D’autres y verront une capitulation regrettable face à la censure étatique.
Un dangereux précédent ?
Quoi qu’il en soit, cette affaire soulève des questions profondes sur la responsabilité des éditeurs de logiciels dans la régulation de l’espace numérique. En cédant aux injonctions russes, Mozilla n’ouvre-t-elle pas la porte à d’autres pays tentés d’imposer leur vision du web aux utilisateurs ?
Après tout, si une organisation censée promouvoir la liberté d’expression capitule aussi facilement, que dire des entreprises purement commerciales ? Un dangereux précédent vient peut-être d’être créé, et ce n’est pas vraiment rassurant pour l’avenir d’un Internet libre et ouvert. (Vous avez le droit d’être inquiets, vraiment.)
La menace d’une censure généralisée plane
D’ailleurs, la Russie n’est pas le seul pays à vouloir renforcer son contrôle sur le web. En France, le projet de loi sur la « sécurisation et la régulation de l’espace numérique » (SREN) soulève également de vives inquiétudes. Concrètement, ce texte obligerait les navigateurs comme Firefox à bloquer certains sites web jugés illicites, directement au niveau du navigateur.
Un projet qualifié de « liberticide » par ses détracteurs, qui craignent une dérive vers une forme de censure arbitraire et une atteinte à la vie privée des internautes. Mozilla elle-même s’est opposée fermement à cette mesure, jugeant qu’elle porte atteinte à la liberté d’expression et au droit à l’information.
Bref, si l’on devait résumer la situation, on pourrait dire que Mozilla semble vouloir défendre la liberté d’expression… sauf quand cela risque de lui attirer des ennuis juridiques. Une position pour le moins ambiguë, qui ne manquera pas d’alimenter les débats sur le rôle des géants du web dans la régulation des contenus en ligne.
Quand la censure prend le contrôle
L’exemple de Ruwiki, le Wikipedia russe sous contrôle
Pour illustrer les dérives potentielles de la censure étatique sur Internet, on peut citer l’exemple de Ruwiki, la version russe officielle de Wikipédia. Face aux pressions du régulateur Roskomnadzor, qui exigeait la suppression de certains contenus jugés indésirables, la Fondation Wikimédia a fini par céder.
Résultat ? Une nouvelle version clônée de l’encyclopédie en ligne, soigneusement expurgée de toute critique envers le gouvernement russe et de tout rapport sur la torture dans les prisons ou les crimes de guerre. Un parfait outil de propagande, en somme. (Ça donne envie de militer pour le libre accès au savoir, n’est-ce pas ?)
Selon les estimations, Ruwiki compterait déjà plus d’articles que la version originale de Wikipédia en russe, preuve de l’ampleur du travail de réécriture entrepris.
Source : un article du Russian Digital Journal, qui a pu accéder aux chiffres officiels.
Twitter et Facebook, victimes collatérales
Mais la censure russe ne s’arrête pas là. En 2022, le Parlement a voté une loi criminalisant la diffusion d’informations jugées « fausses » sur l’armée et les opérations militaires. Un prétexte pour bloquer purement et simplement des plateformes comme Twitter et Facebook, accusées de laisser circuler des contenus indésirables sur la guerre en Ukraine.
Voilà comment, en quelques années, la Russie est passée d’un Internet relativement libre à un espace numérique sous contrôle étroit, où seule la version officielle est autorisée à s’exprimer. Un modèle inquiétant, qui pourrait bien faire des émules dans d’autres régimes autoritaires. (Rien de très réjouissant, en somme.)
Le combat continue
Face à ces dérives, il est crucial que les défenseurs de la liberté d’expression sur Internet ne baissent pas les bras. Chaque recul, chaque capitulation renforce un peu plus la mainmise des régimes autoritaires sur le web.
Alors, que fait-on ? On continue à développer des outils de contournement de la censure, à sensibiliser l’opinion publique, à faire pression sur les géants du web pour qu’ils restent fidèles à leurs valeurs affichées. Et surtout, on n’oublie pas que la liberté, ça se défend au quotidien, avec détermination et persévérance.
Parce que, vous l’aurez compris, l’enjeu va bien au-delà de quelques extensions Firefox. C’est l’avenir même d’un Internet libre et ouvert qui se joue aujourd’hui. Alors, chers lecteurs, de quel côté de l’Histoire voulez-vous être ?